DANSE AMÉRICAINE



2015, tirage Lambda, 35 x 216 cm

La photographie décrit un Paris en Technicolor reconstitué en studio, où le quartier Latin semble prolonger la butte Montmartre. Seul Gene Kelly, le personnage principal du film, y est absent, mais signifié par les fragments des chansons qu’il interprète, et la présence de ses partenaires de danse (la fleuriste, la tenancière du bistrot, les enfants, son rival amoureux...). L’artiste capture (au premier sens du terme) des milliers d’images qu’il réassemble pour créer une nouvelle continuité spatio-temporelle, devant laquelle le spectateur croit pourtant reconnaître une scène qu’il connaît. Mais à y regarder de plus prêt, l’œuvre revendique une certaine artificialité, d’autant plus révélatrice lorsque l’on sait qu’Un Américain à Paris fût principalement tourné en studio. Une certaine ironie se fait sentir subtilement, comme son sujet sous-jacent ; le soft power américain, ce processus de domination culturelle enclenché à partir du plan Marshall et qui trouvera un parfait allié dans le cinéma. Danse Américaine révèle l'image mentale auquel « le film se dérobe par l’effet de son propre montage ». L’objet photographique que produit Julien Audebert déplace l’acception communément admise de la photographie, dans une approche qui doit autant à la peinture, pour sa temporalité discontinue, qu’à la sculpture, dans la dimension d’objet qu’acquièrent ses images.



2015, Lambda print, 13 3/4 x 85 in