ROYAL ALBERT HALL



2005, tirage Lambda, 37 x 184 cm
collection FRAC Haute-Normandie / collections privées

« Julien Audebert s'intéresse particulièrement au décor (qui cette fois-ci n'en est pas un) puisqu'il s'agit du véritable théâtre du Royal Albert Hall à Londres. Cette photographie du RAH a été réalisée à partir de deux films, plus exactement le même film tourné deux fois - L'homme qui en savait trop de Hitchcock - l'un en 1934 en Angleterre (avec Peter Lorre notamment, l'acteur de M le Maudit!), l'autre en 1956 à Hollywood à la demande des Américains qui voulaient une version «plus américaine».
Julien Audebert parle de déploiement lorsqu'apparaît la structure du texte de Benjamin et utilise le terme de « démontage » lorsqu'à partir d'un maximum de photos d'écrans accumulées puis retouchées il reconstitue toute la premiere partie du film en une seule image.
Ces deux versions ont pour point commun une fameuse scène d'assassinat, raté, d'un ministre dans la célèbre salle de concert. La photographie condense le même moment précédent le coup de feu, avec vingt ans d'intervalle. C'est une photographie comme on pourrait la réaliser aujourd'hui dans ce théâtre, puisque le lieu n'a probablement pas changé. En revanche il s'y condense le temps des deux tournages et la durée de la scène qui dure plus de vingt minutes. La narration est impliquée par le film, mais l'artiste s'intéresse assez peu à cet aspect-la, en fait ; c'est en quelque sorte un point d'ancrage, une voie possible pour rentrer dans l'image. ll y a une possibilité de narration, mais elle est évoquée, ou plutot résiduelle.
“Une inversion du regard s'opère, analyse Julien Audebert, la netteté de l'image étant située dans le lointain” »

Julien Bachellerie, « Temps de l'image, image du temps », in La Montagne, dimanche 30 decembre 2007, p. 3



2005, Lambda print, 15 x 72 in.
FRAC Haute-Normandie collection / private collections